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Un chien-robot dans le métro de Montréal
Article original dans Le Devoir par Alain Mckenna
Terminus. Spot, le chien-robot de Boston Dynamics, a débarqué à la station Bonaventure cet été. Le quadrupède automatisé et autonome a été enrôlé par la Société de transport de Montréal (STM) pour repérer des anomalies dans les stations du métro. Et pour signaler lorsqu’il y rencontrait un os, pour ainsi dire.
Entre 1 h et 4 h durant une dizaine de nuits réparties entre mai et septembre, après la fermeture des stations, Spot a arpenté le quai Montmorency de la station de métro Bonaventure, au centre-ville de Montréal. Tous les dix mètres, il prenait des photos de la station. En arrière-plan, ces photos étaient regroupées pour produire un portrait à 360 degrés de la station. Un logiciel créé sur mesure repérait ensuite la présence d’indésirables : lumières brûlées au plafond, graffitis sur les murs, déchets au sol et autres éléments du décor qui ne devraient pas en faire partie.
Pour mettre le chien-robot réellement à l’épreuve, la STM a elle-même laissé traîner quelques déchets et esquissé quelques faux tags sur les murs de la station. L’objectif de la STM était de voir s’il serait possible d’automatiser une partie de la surveillance et de l’entretien de ses stations, pour que ses employés puissent se mettre plus rapidement à la tâche lorsqu’ils arrivent sur place le matin venu.
Presque parfait
Ce projet a vu le jour grâce à une aide financière provinciale appelée Soutien aux projets d’innovation. Ce programme a aidé la jeune pousse montréalaise Osedea, en quelque sorte le maître-chien de ce projet, à couvrir la moitié des frais de cette vitrine technologique. Osedea, qui a prêté « son » chien Spot à la STM, a reçu 48 000 $ de ce programme.
Surtout, Osedea a pu à travers cet exercice développer une plateforme logicielle qui lui permettra d’utiliser Spot avec d’autres partenaires, ailleurs en province. Son chien-robot est équipé d’une caméra et d’un bras articulé avec pince. Cette combinaison lui permet d’effectuer des tâches que des caméras de surveillance ne pourraient pas accomplir.
«En cas d’urgence, Spot pourrait couper un circuit électrique », explique Robin Kurtz, le développeur d’Osedea responsable du bon fonctionnement de Spot. « Spot peut aussi faire d’autres lectures que visuelles, comme détecter une présence importante de CO2, quelque chose d’utile pour les services d’incendie… »
Ce n’était cependant pas le rôle de Spot pendant ses rondes à la station Bonaventure, précise-t-on chez Osedea. En fait, certaines limites du robot, dont l’autonomie de sa batterie, ont affecté son utilité dans le projet de la STM. Le chien-robot ne pouvait pas ouvrir toutes les portes ni faire fonctionner les tourniquets, ce qui lui aurait permis de visiter la totalité de la station sans intervention humaine.
Osedea estime que Spot a accompli l’équivalent de 83 % de ce qu’aurait fait un humain à sa place. Ce n’est pas si mal, mais ce n’est pas le gain de productivité qui rend les robots véritablement attrayants pour les entreprises, privées ou publiques. Surtout compte tenu du prix d’acquisition du robot, ajoute le président d’Osedea, Martin Coulombe.
«Si Spot coûtait quatre fois moins cher, ça ferait toute une différence », dit-il. Car forcément, le manque de travailleurs crée une demande pour des solutions automatisées et robotisées, mais toutes les organisations n’ont pas les moyens d’investir dans la technologie. Adopter son propre chien-robot Spot coûte, si on se fie à son fabricant Boston Dynamics, environ 75 000 $US (100 000 $CA).
Une menace pour des métiers risqués
Les dirigeants d’Osedea voient tout de même des cas où un tel robot peut, dès aujourd’hui, valoir son pesant d’or. En fait, on pourrait dire que les premiers emplois menacés par l’arrivée des robots sont les emplois les plus risqués, justement.
«Dans des situations où un humain ne peut pas accomplir des tâches pour des raisons de sécurité ou de difficulté d’accès, un robot peut être pratique, voire rentable », assure Martin Coulombe. « Par exemple, un robot comme Spot peut effectuer des relevés dans des zones d’une usine où les normes de sécurité du travail interdisent à un travailleur d’aller. »
Spot a aussi quelques avantages sur un simple système de caméras de surveillance. On compte déjà 2000 caméras réparties dans tout le métro de Montréal. Leur usage est toutefois encadré par des règles qui découragent l’intégration d’une vision par ordinateur capable d’identifier des gens ou des objets comme celle appelée AME et produite par Osedea dans le cadre de ce projet-pilote dans le métro.
Du côté de la STM, ce test a surtout permis de lancer la réflexion sur des applications futures où un robot comme Spot simplifierait la vie de ses quelque 11 000 employés. Sans citer de cas précis, le porte-parole Philippe Déry a indiqué au Devoir qu’une inspection plus poussée des quelque 71 kilomètres de voies sur lesquelles le métro repose pourrait être confiée à un robot-chien au flair bien aiguisé.
«Si Spot peut effectuer des tâches plus dangereuses, pendant qu’il les fait, l’humain peut faire autre chose », conclut Philippe Déry.
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